Un chef-d’œuvre inexplicablement oublié fait son entrée au répertoire du Théâtre du Capitole, dans une nouvelle production : Ariane et Barbe-Bleue, l'unique opéra de Paul Dukas.
Ce sommet de l'art lyrique français sera l’occasion de réinviter sur notre scène, où elle a tant travaillé par le passé, la grande mezzo-soprano Sophie Koch. À la baguette, un magnifique interprète de la musique du XXe siècle, Pascal Rophé, et, côté mise en scène,
l'inclassable Stefano Poda qui nous promet un grand faste visuel.
En outre, la légendaire comédienne Dominique Sanda, égérie de Robert Bresson, Bernardo Bertolucci et Jacques Demy, interprétera le rôle d’Alladine.
« Conte musical », pour reprendre la terminologie voulue par le compositeur, Ariane et Barbe-Bleue connaît une longue gestation. Composé en 1899 et 1906, l’ouvrage est finalement créé le 10 mai 1907 à l'OpéraComique sous la direction de François Ruhlmann. Pour son livret, Paul Dukas (1865-1935) s’est inspiré d’une pièce du grand dramaturge de l’époque : Maurice Maeterlinck, qui avait déjà permis à Debussy de créer son chef-d’œuvre fondateur Pelléas et Mélisande (1902).
Ici, Maeterlinck avait donné naissance à un conte
surprenant, dont le sous-titre dit assez clairement le paradoxe : Ariane et Barbe-Bleue, ou Le Refus de la délivrance (1899). Ce refus d’être délivrées, ce sont les cinq premières épouses de Barbe-Bleue qui l’expriment, face à une Ariane toute éprise de lumière, de clarté, d’air frais. Quand elle tente de leur montrer ce que pourrait être la liberté, elles préfèrent rester dans l’obscurité humide du château de Barbe-Bleue.
C’est que leur enfermement est essentiellement moral. Digne de Tristan et Isolde de Wagner, la musique envoûtante de Paul Dukas explore sans concession les replis les plus indicibles de l'amour et du désir de ce conte cruel.
Pour diriger une partition flamboyante, d’une rare splendeur orchestrale, Pascal Rophé, un des grands chefs français d’aujourd’hui, fera ses débuts dans notre théâtre. À la mise en scène, aux décors, costumes et lumières, l’un des metteurs en scène italiens les plus inventifs de sa génération : Stefano Poda. Rare en France où il débutait à l’opéra en 2016 seulement, il est l’invité du Théâtre du Capitole pour une première et prometteuse réalisation.
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